Le mois dernier, je me suis jointe à la communauté internationale des organismes de réglementation de la protection de la vie privée à la 46e Assemblée mondiale pour la protection de la vie privée. Cette année, le thème de l’assemblée consistait à déterminer comment mettre en balance le pouvoir de l’information avec la nécessité pour les citoyens d’exercer un contrôle sur leurs renseignements personnels et de voir leur dignité respectée.
J’ai eu le privilège d’animer un panel sur l’impact social de l’éducation sur la protection de la vie privée. Des participants du Royaume-Uni, de la France, de Hong Kong et du Canada ont discuté des raisons pour lesquelles la vie privée des enfants est si importante, de notre responsabilité collective de conférer aux enfants des droits pertinents en matière de vie privée et des mesures à prendre pour informer et mobiliser les jeunes, et leur donner les moyens d’exercer ces droits. Nous avons ensuite poursuivi le débat avec un autre panel comptant des participants de l’UNICEF.
Nous savons que de nos jours, les jeunes passent beaucoup de temps en ligne à communiquer, à jouer et à apprendre. Dans le monde d’aujourd’hui, nous devons nous assurer que les jeunes comprennent les risques associés à la publication en ligne de leurs renseignements personnels et de renseignements sur d’autres personnes. Cependant, nous ne pouvons pas leur imposer tout ce fardeau; les organismes de réglementation, les pédagogues et les gouvernements doivent faire leur part pour protéger les jeunes contre ces dangers.
Récemment, mes collègues fédéral, provincaux et territoriaux (FPT) et moi avons publié une résolution conjointe en vue d’identifier et d’atténuer les préjudices causés par les mécanismes de conception trompeuse relatifs à la protection de la vie privée, particulièrement ceux destinés aux enfants. De plus en plus d’outils éducatifs numériques proposés par des plateformes commerciales et des développeurs d’applications sont utilisés en classe, pour le meilleur et pour le pire, sans compter l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle.
Cette résolution FPT s’appuie sur une autre résolution conjointe que nous avons adoptée en 2023 invitant les gouvernements à mettre l’intérêt supérieur des jeunes à l’avant-plan en matière de vie privée. Nous les avons priés de mettre en œuvre des mesures de protection de la vie privée plus solides qui tiennent compte des besoins des enfants et des jeunes dans le monde numérique d’aujourd’hui.
Promouvoir les droits des enfants en matière de vie privée constitue une priorité stratégique du CIPVP. Au cours des quatre dernières années, nous avons réalisé des progrès importants en mettant en œuvre des initiatives à l’appui de cette priorité. Nous cherchons à protéger les enfants et les jeunes contre les risques qu’ils courent en ligne et à leur donner le soutien et l’information dont ils ont besoin pour prendre des décisions judicieuses dans le monde numérique. Dans la foulée de la Journée de la citoyenneté numérique, le 23 octobre, mon bureau a lancé la Charte de la protection de la vie privée numérique pour les écoles ontariennes. La charte énonce 12 engagements volontaires, qui s’appuient sur des pratiques exemplaires en évolution, que les écoles peuvent prendre pour protéger les renseignements personnels des élèves dans le cadre de l’utilisation d’outils éducatifs numériques. Elle comprend également des engagements visant à renseigner les élèves sur les risques qu’ils courent en ligne, à leur donner les moyens d’exercer leur droit à la vie privée et à recueillir leurs commentaires sur l’utilisation d’outils numériques en classe. Nous demandons aux établissements d’enseignement de souscrire à la charte! Quelques pionniers ont compté parmi les premiers à faire preuve de leadership et à manifester leur engagement en y souscrivant. Nous invitons tous les administrateurs scolaires, pédagogues, parents, tuteurs et élèves à accorder leur soutien à l’adoption de cette charte de la protection de la vie privée numérique dans les écoles ontariennes. La charte va dans le sens du projet de loi 194, la Loi de 2024 visant à renforcer la cybersécurité et la confiance dans le secteur public. Ce projet de loi propose une meilleure protection des enfants et des jeunes touchés par l’utilisation de technologies numériques dans les écoles. Bien qu’il représente un grand pas en avant, ce projet de loi pourrait être amélioré et notre bureau a présenté des recommandations approfondies dans ce sens. Nous avons souligné la nécessité d’adopter des normes qui respectent les droits des jeunes et qui sont conformes aux valeurs que sont l’autonomie personnelle, la dignité et l’autodétermination. Nous avons demandé que les renseignements personnels des enfants soient considérés comme étant de nature délicate, et que l’obligation de les protéger soit donc plus stricte. De plus, nous avons réclamé un mécanisme simplifié, uniforme et cohérent de surveillance réglementaire. Le 14 novembre, devant le Comité permanent de la justice, j’ai soulevé les enjeux les plus importants qui, à notre avis, doivent être abordés dans le projet de loi 194.
Mon bureau a lancé plusieurs autres initiatives au cours des dernières années pour défendre les droits des jeunes en matière de protection de la vie privée et d’accès à l’information et favoriser leur littératie numérique. Par exemple, nous avons collaboré avec HabiloMédias pour élaborer des plans de leçons prêts à utiliser en classe, fondés sur le livret d’activités Ta vie privée : c’est à toi! que nous avions publié à l’intention des enfants. Ces plans de leçons s’insèrent directement dans le curriculum de l’Ontario, qui a été mis à jour récemment pour mettre l’accent sur la littératie numérique et la formation à la citoyenneté à toutes les années de l’élémentaire, et qui traite de la protection de la vie privée et de la sécurité en ligne.
Le CIPVP a également constitué le Conseil consultatif de la jeunesse (CCJ); il regroupe dix jeunes de 15 à 25 ans qui font part à notre bureau de leurs opinions et de leurs conseils en vue de mieux tendre la main aux membres de ce groupe démographique en tenant compte de leur point de vue. Les membres du conseil nous parlent régulièrement de leur vécu et de la nécessité d’apprendre à évoluer en toute sécurité dans le monde numérique d’aujourd’hui. Avec leur apport direct, nous avons élaboré une Boîte à outils des jeunes ambassadeurs afin de fournir aux jeunes des ressources pour renseigner leurs camarades sur leurs droits en matière de vie privée, ainsi qu’une page Instagram qui propose de brefs conseils aux enfants et aux jeunes sur la protection de la vie privée. Nous avons également invité des membres du CCJ à s’adresser directement à nos collègues FPT lors de notre réunion annuelle, que nous avons eu l’honneur de tenir en Ontario cette année. Ces échanges francs entre représentants d’organismes de réglementation ont été rafraîchissants et intéressants.
Jusqu’à maintenant, nous avons consacré sept épisodes de notre balado primé L’info, ça compte à la vie privée des enfants, et un autre aux adolescents; ils sont accessibles dans notre site Web ou sur Apple Podcasts et Spotify. Ne manquez pas plus tard ce mois-ci notre prochain épisode, un entretien avec Anthony Carabache, du service de perfectionnement professionnel de l’Ontario English Catholic Teachers’ Association, au sujet de l’utilisation en classe de la technologie, y compris l’IA. À suivre!
Nous devons saisir l’occasion précieuse qui nous est donnée de procurer aux jeunes les connaissances, les ressources et les aptitudes nécessaires pour vivre leur avenir numérique avec curiosité, confiance et compétence. Comme l’a dit l’écrivain américain William Arthur Ward : « Enseigner, c’est plus que transmettre des connaissances; c’est inspirer le changement. Apprendre, c’est plus qu’absorber des faits; c’est comprendre. »
Je suis impatiente de connaître le fruit de notre collaboration et de nos efforts collectifs à venir en vue de faire avancer les droits des enfants en matière de vie en Ontario et ailleurs. — Patricia |