S1-Episode 2 : À la rencontre des Franco-Ontariens
Les commissaires Kosseim et Burke discutent des défis et des possibilités d’atteindre la population franco-ontarienne afin de les sensibiliser au sujet de leurs droits linguistiques ainsi que leurs droits d’accès à l’information et de vie privée. Elles échangent des idées en matière de communication et de réseautage et considèrent de futures collaborations entre leurs bureaux afin de rejoindre ce public cible.
Remarques
Kelly Burke est Ombudsman adjointe et commissaire aux services en français de l’Ontario. Au Bureau de l’Ombudsman, elle dirige l’Unité des services en français, qui fait enquête sur les plaintes et formule des recommandations visant à améliorer la prestation des services en français à l’échelle du gouvernement.
Sujets abordés dans cet épisode :
- L’histoire de la Journée internationale de la Francophonie [3:00]
- Quelle a été l’incidence de votre maîtrise du français sur votre carrière? [5:25]
- Quels sont le mandat et les fonctions de votre bureau? [7:10]
- Qui sont les Franco-Ontariens? Dans quelles régions de la province vivent-ils? [10:00]
- Comment votre bureau rejoint-il le public francophone en Ontario? [12:10]
- Que signifie fournir un « service équivalent »? [17:30]
- Quelles sont certaines des recommandations de votre bureau pour améliorer les services en français en Ontario? [20:50]
- Quelles sont les plaintes les plus courantes que reçoit votre bureau? [22:50]
- Quelle est votre vision des services en français en Ontario? [24:20]
Ressources
- Rapport annuel de la Commissaire aux services en français de l’Ontario 2019-2020
- Loi sur les services en français de l’Ontario
- Le fait français en Ontario (infographie)
L’info, ça compte est un balado sur les gens, la protection de la vie privée et l’accès à l’information animé par Patricia Kosseim, commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario. Nous discutons avec des personnes de tous les milieux des questions touchant l’accès à l’information et la protection de la vie privée qui les intéressent le plus.
Si vous avez aimé le balado, laissez-nous une note ou un commentaire.
Vous souhaitez en savoir plus sur un sujet qui concerne l’accès à l’information ou la protection de la vie privée, ou compter parmi nos invités? Envoyez-nous un gazouillis à @IPCinfoprivacy ou un courriel à @email.
Transcriptions
Patricia Kosseim :
Bonjour. Ici Patricia Kosseim, commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario, et vous écoutez L’info, ça compte, un balado sur les gens, la protection de la vie privée et l’accès à l’information. Avec des invités de tous les milieux, nous parlons de questions concrètes qui les intéressent sur la protection de la vie privée et l’accès à l’information.
Bienvenue à un autre épisode d’Info, ça compte. Merci de vous joindre à nous. Aujourd’hui nous célébrons la population franco-ontarienne à l’occasion de la Journée internationale de la francophonie. Ici, en Ontario, nous sommes choyés d’avoir parmi nous une communauté francophone vibrante et dynamique. Plus d’un demi-million de gens dans notre province identifient le français comme étant leur première langue, alors que plus d’un million et demi se disent bilingues.
C’est avec grande fierté, donc, que nous nous considérons Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens. La Loi sur les services en français reconnaît d’ailleurs la langue française comme ayant joué un rôle historique en Ontario et précise que le français jouit du statut de langue officielle devant les tribunaux en éducation et à l’Assemblée législative. Les Francophones de l’Ontario ont le droit de recevoir des services publics en français. En plus de ces droits linguistiques, ils jouissent aussi de droits relatifs à l’accès à l’information et à la protection de leur vie privée. Promouvoir ces droits fondamentaux parmi la population franco-ontarienne, ce n’est pas une question académique. Ça compte, et ça compte vraiment.
Mon invité aujourd’hui est Kelly Burke, ombudsman adjointe et commissaire aux services en français de l’Ontario. Avocate de formation, Mme Burke a occupé des postes de cadre supérieur dans plusieurs ministères lors d’une illustre carrière avec le gouvernement de l’Ontario. En janvier 2020, elle est devenue la première personne à être nommée commissaire aux services en français au sein du Bureau de l’ombudsman. Surtout, ne vous laissez pas tromper par son nom. Elle est membre active et fière de la communauté francophone de l’Ontario et défend avec grande passion les droits des Francophones. Commissaire Burke, bienvenue.
Kelly Burke :
Merci, Patricia. Un grand plaisir d’être ici aujourd’hui avec vous.
PK :
C’est vraiment un grand plaisir pour moi aussi d’avoir pu organiser cet entretien avec vous, surtout en cette Journée internationale de la francophonie. C’est un anniversaire marquant pour souligner l’importance de la langue française et de la culture francophone. Je sais que vous avez joué un rôle signifiant par le passé, Kelly, qui a contribué à augmenter sa pertinence pour la population ontarienne. Pouvez-vous nous parler un petit peu de cet historique?
KB :
Oui. Tout d’abord, j’aimerais souligner la Journée internationale de la francophone et vous permettre une vue d’ensemble de comment cette journée a été créée en 1988. C’est une journée dédiée à la langue française par l’Organisation internationale de la francophonie. La langue française occupe une place importante parmi les langues. C’est le symbole de culture et créativité et un vecteur de démocratie et d’humanisme, selon l’UNESCO.
L’OIF place la culture et la langue françaises au fondement de tout effort durable pour la paix et le développement. Le Canada est membre de l’OIF depuis 1970 et l’Ontario occupe un statut de membre observateur à l’OIF depuis 2016. J’ai eu le grand privilège, lorsque j’étais sous-ministre adjointe au ministère des Affaires francophones, d’avoir travaillé pour sécurité le statut de membres observateurs à l’OIF. Le symbolique qui représente la francophonie de la province de l’Ontario est identifié par le monument à Queens Park, qui a été dédié aux Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes et représente un legs de la commémoration des 400 ans de présence française dans la province de l’Ontario. Les couleurs du côté nord des panneaux sont inspirées des drapeaux des pays francophones.
Mais la Journée internationale de la francophonie est plus qu’un symbole en Ontario, Patricia. C’est une célébration qui permet aux Francophones du monde entier d’exprimer leur diversité et réaffirmer leur fierté identitaire.
PK :
Super intéressant. J’ai hâte, la prochaine fois que je vais passer devant Queens Park, de chercher ce monument et l’observer attentivement à la lueur de la belle description vous nous avez donnée. Alors, merci pour cet historique, Kelly.
Il est intéressant à noter aussi sur un plan personnel que nous avons connu un cheminement de carrière semblable qui nous a amenées, vous et moi, à nos rôles actuels à titre de commissaire en Ontario, un des points en commun étant bien sûr l’importance de la langue française dans notre formation en tant que leader et dans les différentes fonctions supérieures que nous avons su exercer au service du public au fil des ans. Vous êtes d’accord avec moi, Kelly?
KB :
Oui, tout à fait, et je suis en très bonne compagnie avec toi, Patricia, toutes deux commissaires, membres du Barreau de l’Ontario et nous exerçons un leadership dans les deux langues officielles du pays. Quel privilège! On ne pourrait pas demander plus. J’ai toujours voulu exercer ma profession en français. Le fait de pouvoir œuvrer dans les deux langues officielles du pays, c’est une fierté que nous exerçons dans le cadre de nos fonctions. En début de carrière, j’étais enseignante dans les programmes d’immersion française. Par la suite, juriste, qui a œuvré longtemps dans le domaine du travail et de l’emploi. Mais une priorité en tant que juriste a toujours été de promouvoir l’accès à la justice en français, comme haut fonctionnaire également en tant que sous-ministre adjointe et maintenant comme commissaire.
Une capacité de travailler dans les deux langues a vraiment été un atout pour moi. Ça fait partie de qui je suis en tant que personne, en tant que Franco-Ontarienne et en tant que Canadienne. J’encourage les jeunes à poursuivre leurs études en langue française et de continuer leurs études au postsecondaire en français. C’est la relève à laquelle on se fie pour offrir les services en français à l’avenir et qui doit protéger la langue et la culture pour les générations futures.
PK :
Alors, pour ceux qui nous écoutent aujourd’hui, est-ce que vous pouvez nous décrire le mandat de votre bureau et ce que vous faites du jour au jour, finalement?
KB :
Tout à fait, avec plaisir. Comme vous, nous protégeons les droits des citoyens. Mon mandat, c’est de protéger les droits linguistiques. Le rôle est d’assurer que les Francophones aient accès aux services en français auxquels ils ou elles ont droit. Les droits sont prescrits par la Loi sur les services en français et le rôle important que je suis appelée à jouer, c’est de surveiller l’application de la Loi sur les services en français. Je suis en droit de traiter les plaintes par rapport à la qualité et l’offre des services en français, par le gouvernement, ses agences et ses tiers.
Nous visons à améliorer l’offre, la prestation et la qualité des services en français. Alors, mes recommandations dans mon rapport annuel visent à améliorer la prestation des services en français. Je suis motivée par une simple phrase : Un service équivalent et sans délai, s’il vous plaît. Les rôles connexes que je joue évidemment comme le rôle d’éducation pour la population et le gouvernement, un rôle de liaison entre la communauté et les organismes gouvernementaux. Je mène des enquêtes, je fais la surveillance, un rôle important, et en bout de ligne je rapporte sur une base annuelle et je fais des recommandations qui visent l’améliorer des services en français dans la province de l’Ontario.
PK :
Alors, pour ma part, Kelly, comme vous le savez, en tant que commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario, j’ai pour mandat de protéger les droits de la population ontarienne en matière d’accès à l’information et de protection de la vie privée. D’ailleurs, comme vous, nous sensibilisons les Ontariennes et les Ontariens à ces droits. Nous recevons des plaintes de personnes qui considèrent que des institutions publiques, par exemple, de l’Ontario ont violé leurs droits et nous menons enquête comme vous.
D’ailleurs, au début de mon mandat, je me suis engagée à aller à la rencontre des Ontariens et particulièrement de rejoindre les Franco-Ontariens, vu que je suis la première commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario à être bilingue depuis plusieurs dizaines d’années au moins. C’est en partie pourquoi je tenais beaucoup à vous parler aujourd’hui, pour apprendre davantage sur la population franco-ontarienne et, comme vous le savez d’ailleurs sûrement mieux que moi, c’est d’ailleurs ici même en Ontario que nous avons la plus grande minorité francophone au Canada. Mais j’aimerais tellement mieux vous demander de nous tracer un portrait plus riche, plus nuancé des Franco-Ontariens en tant que peuple et en tant que communauté culturelle. Qui sont-ils, finalement?
KB :
La présence française existe en Ontario depuis plus de 400 ans. Il y a plus de 622 000 Francophones en Ontario et la francophonie représente 4,7 % de la population totale de l’Ontario. Alors, c’est la population la plus importante au Canada à l’extérieur du Québec en tant que nombre de personnes francophones dans la province. Quatre-vingts pour cent des Francophones habitent des régions désignées dans la province de l’Ontario et les régions où on a une plus forte concentration de Francophones se retrouvent dans l’est, au nord et, au centre, de plus en plus dans la ville de Toronto.
Alors, la communauté francophone, c’est une communauté vibrante et engagée. Il y a des nouveaux arrivants aussi, beaucoup de nouveaux arrivants qui cherchent des services en français en Ontario. Les aînés dans les foyers de soins de longue durée, des familles qui cherchent des services en français dans le secteur de la santé. Des citoyens et des citoyennes qui se voient au ServiceOntario un kiosque qui leur offre des services en français. Un camionneur qui cherche une signalisation en français sur l’autoroute. Nos efforts contribuent au rayonnement de cette francophonie.
Je vous ai donné une saveur tout à fait mineure de ce qui existe dans notre francophonie, mais c’est une perspective que je tiens en ligne de compte lorsque je fais mon travail au quotidien.
PK :
Merci, Kelly. De toute évidence, la plupart des Franco-Ontariens vivent à l’extérieur de la grande région de Toronto, bien que ça commence à changer, comme vous l’avez bien souligné. Mais votre bureau ainsi que le mien se trouvent à être à Toronto, c’est la réalité. Alors, comment donc rejoindre les Francophones pour les sensibiliser à leurs droits linguistiques, surtout dans une société à prédominance anglophone? Quelles sont les méthodes que vous avez employées ou que vous employez pour atteindre le public francophone en Ontario et par l’entremise de quels réseaux, Kelly, vous réussissez à relever ce défi?
KB :
Alors, vous l’avez bien dit, Toronto devient de plus en plus un centre favorisé par les nouveaux arrivants et les Francophones qui existent ici en Ontario depuis longtemps se pointent vers les grandes villes. On doit distinguer, je pense, ce qui s’est passé avant la pandémie et depuis. Ma préférence, évidemment, est de rencontrer la communauté francophone en personne autant que je peux. En janvier 2020, je me suis rendue sur le terrain à la rencontre des Franco-Ontariens un peu partout en province, à Sudbury, à Ottawa, à Mississauga. Depuis, on utilise bien sûr exclusivement les communications à distance pendant cette pandémie. Mais il y a tellement de moyens maintenant, Patricia, par lesquels on peut communiquer. C’est extraordinaire comment on a réussi à rejoindre la communauté pendant ce temps, lorsqu’on travaille à distance.
Nous avons des messages et des communiqués de presse qui sont publiés sur notre site Internet. Des conférences de presse qui sont diffusées sur YouTube. C’est le moyen que j’ai utilisé pour envoyer mes messages, lorsque j’ai déposé mon rapport annuel au moins de décembre. Nous avons créé des vidéos également de notre propre initiative. J’ai tourné des vidéos sur ce que fait la commissaire au quotidien, donc les minutes de la commissaire, à l’automne, ce qui nous a permis de rejoindre notre public cible.
Par la suite, on a aussi, à la demande d’organismes externes, tourné des vidéos et je l’ai fait le mois dernier pour le mois de l’histoire des Noirs. Il y a des bulletins électroniques mensuels bilingues du Bureau de l’Ombudsman. Il y a aussi participation à des événements, des événements qui touchent toute la province, comme le Centre francophone de Toronto qui met sur pied des initiatives de temps à autre et auxquelles je participe. Toujours la possibilité de discours. Je l’ai mentionné, hier, pendant la séance de la Société économique de l’Ontario, j’ai pu faire une présentation et mettre en relief le travail que font les femmes entrepreneures francophones de la province. Il y a aussi les présentations que j’ai faites à l’automne auprès des Retraités en action à Ottawa et le Regroupement francophone d’Ottawa qui m’avait aussi accueillie pour décrire le travail que je fais en tant que commissaire.
Je participe à plusieurs panels. L’Université de Toronto, comme exemple. Massey College, qui m’avait invitée au mois de septembre pour célébrer la Journée des Franco-Ontariens. Le podcast d’aujourd’hui, c’est un exemple concret de comment on peut communiquer, même si nous travaillons à distance. Le biais des médias sociaux nous aide également : Twitter, Facebook, LindedIn, qui touchent aussi les francophiles. Il important de souligner l’importance des francophiles dans le travail que nous effectuons. Les entrevues avec les médias, Radio-Canada, L’Express de Toronto, le Métropolitain, ONFR+, Le Droit. Et le futur, nous prévoyons développer une affiche genre poster à distribuer pour décrire le travail que nous faisons et mettre en sommaire quelques items que nous avons dans notre rapport annuel.
Alors, des moyens, ça exige des ressources certainement, mais ça rejoint notre public cible et j’encourage qui que ce soit qui voudrait aussi communiquer d’employer ces méthodes qui sont tout à fait efficaces pour envoyer vos messages.
PK :
Merci, Kelly. Quel bel éventail de méthodes que vous avez utilisé. Vous savez, avant la COVID, je vous en ai parlé d’ailleurs, mon bureau parcourait la province aussi de l’est à l’ouest, du nord au sud, dans le cadre de notre programme d’information à la rencontre de l’Ontario, l’objectif étant de rencontrer les gens en personne, de les sensibiliser quant à leurs droits et faire des exposés sur notre travail. J’avais vraiment espoir que dans un proche avenir nos bureaux pourront faire belle équipe pour organiser un tel événement dans une communauté francophone. Mais d’ici là, comme vous l’avez bien souligné, il y a tellement de belles méthodes qui s’offrent et qui nous ont capté l’imagination maintenant depuis la pandémie. J’ose croire qu’on va pouvoir en profiter et j’espère aussi pouvoir le faire en collaboration avec vous et votre bureau.
Alors, une autre chose que j’aimerais explorer avec vous, c’est mon intention ou mon désir de bien améliorer l’accessibilité de nos services en français. Je suis disposée à accroître notre budget de traduction bien sûr pour ce faire, mais l’accessibilité, comme vous le savez d’ailleurs, va bien au-delà de la simple traduction. Est-ce que vous pouvez décrire ce que vous entendez par le fait de fournir un service équivalent?
KB :
Oui. Reflétée dans mon rapport annuel, c’est la vision vraiment que j’ai identifiée pour mon mandat en tant que commissaire. C’est de promouvoir les services équivalents et sans délai et en toute fin s’il vous plaît. Il est temps maintenant que le gouvernement reconnaisse l’équivalence des services qui est requise en vertu de la Loi sur les services en français. Vous l’avez bien mentionné, l’équivalence, c’est une équivalence entre le service qui est rendu en français et le service qui est rendu à la population générale en anglais. Ça se fait par la traduction de documents bien sûr, une interprétation simultanée et c’est ce qu’on a vu avec les points de presse du Premier ministre depuis que la pandémie s’est installée en Ontario.
Un service en français. Et il faut que ce soit en même temps. Je cherche une qualité de service et un service qui est rendu non seulement en même temps, mais aussi que ce soit de qualité. C’est toujours un défi dans la province de l’Ontario.
Il y a aussi les services spécifiques comme l’affichage et la signalisation. On s’attend à ce que l’affichage dans les cours de justice, comme exemple, soit dans les deux langues et la signalisation sur l’autoroute partout en province et surtout en régions désignées.
La présence équivalente se fait de plus en plus valoir, je crois, dans l’espace numérique. Ce qu’on voit en ce moment et surtout pendant la pandémie, c’est que le gouvernement est bien placé pour offrir des services en français en ligne. Le service au comptoir demeure un point où, nous, on doit toujours identifier comment on peut améliorer ce service, mais je crois que dans le fond ça revient à des questions d’embauche, comment le gouvernement se positionne pour le service au comptoir, comment le préposé s’exprime en français pour offrir ce service, que ce soit à ServiceOntario, au Centre de test au volant, à la LCBO. En bout de ligne, ce que ça prend, c’est une bonne planification, une réflexion stratégique par rapport à comment on prévoit répondre aux besoins de l’entreprise et en même temps à la clientèle francophone.
Alors, c’est ce que j’encourage dans mon rapport annuel, que les organismes qui veulent et qui doivent offrir des services en français se mettent à l’exercice de planification et cela va sûrement mener à des résultats concrets pour la communauté francophone.
PK :
Quelles excellentes idées! J’en prends note, d’ailleurs. J’apprécie beaucoup vos bons conseils, qui vont m’aider à être commissaire autant pour la communauté francophone que les Anglophones de l’Ontario. Donc, j’apprécie beaucoup vos bonnes idées et vos bons conseils.
Vous avez parlé de votre rapport annuel. Je sais que dans ce rapport, qui était le premier d’ailleurs de votre bureau, vous avez formulé des recommandations en vue d’améliorer les services en français en Ontario. Pouvez-vous nous parler un petit peu de ces recommandations?
KB :
Oui. Le rapport annuel a été déposé au mois de décembre 2020. Alors, vous l’avez bien mentionné. La Loi sur les services en français prévoit que la commissaire fasse des recommandations visant à améliorer la prestation des services en français sur une base annuelle. Il y a huit recommandations dans notre rapport annuel de cette année. Les recommandations s’appliquent à tous les ministères et l’accent est mis beaucoup sur la planification et l’imputabilité. Elles découlent des plaintes et des observations notées pendant la pandémie. Ce qu’on vise vraiment dans les recommandations, c’est une planification qui touche les communications. Les points de presse ont été grandement visés par les plaintes que nous avons reçues. Nous visons également les renseignements relatifs à la santé et comment on prévoit que ces renseignements soient fournis simultanément.
Nous avons aussi une question vis-à-vis la planification pour les alertes d’urgence et nous visons les ressources humaines, comment le gouvernement évalue sa capacité d’offrir des services en français. Dans un dernier temps, la formation du personnel de première ligne. Quelles sont les politiques et les pratiques que ces employés doivent suivre dans la prestation de services en français. Nous croyons fortement que la planification va beaucoup améliorer l’offre de services en français dans la province.
PK :
Passons maintenant au processus de traitement des plaintes. Les plaintes que reçoit notre bureau portent sur la protection de la vie privée et l’accès à l’information et sont formulées contre des institutions publiques alors que votre bureau reçoit des plaintes semblables, mais sur les droits linguistiques. Quelles sont les plaintes les plus courantes que reçoit votre bureau et particulièrement dans quels secteurs trouvez-vous qu’il y a le plus grand nombre de plaintes?
KB :
Les secteurs sont identifiés dans le rapport annuel. On touche les services directs en personne dans un premier temps, les services en ligne, bien qu’il y a des améliorations avec les systèmes en ce moment qui permettent une communication en ligne qui s’améliore de plus en plus. Il y a les services au téléphone, les communications du gouvernement, les médias sociaux, la signalisation, d’une part, dans les bureaux et, d’autre part, sur les routes et autoroutes.
Ce sont les grandes catégories, disons, de plaintes que nous avons reçues et de plus en plus nous voyons que le gouvernement réagit pour répondre à ces plaintes. Je suis très contente de vous souligner aujourd’hui qu’en grande partie les plaintes que nous avons reçues l’année dernière sont résolues avec des solutions durables.
PK :
Vous savez, Kelly, on a commencé nos mandats dans la même année ou à peu près. Je suis en voie présentement de formuler mes priorités stratégiques et d’articuler ma vision pour les cinq prochaines années et j’espère pouvoir faire ça dans les semaines qui suivent. Pour votre part, est-ce que vous avez articulé, formulé une vision des services en français en Ontario et est-ce que vous pouvez nous parler de ce que vous espérez accomplir et tant que commissaire pendant les prochains cinq ans? Est-ce que vous avez un mandat de cinq ans comme moi?
KB :
Le mandat n’est pas limité pour la commissaire.
PK :
Ah, d’accord. Alors, le mandat que vous avez pour un temps indéfini, mettons. Vous avez plus de flexibilité que moi. Bon, alors, votre vision, ç’a l’air de quoi, Kelly?
KB :
Alors, écoutez, je me penche souvent sur la question de vision, et service équivalent et sans délai revient toujours comme une priorité. C’est certain que je ne pourrai pas atteindre un service équivalent et sans délai du jour au lendemain, Patricia. On connaît que la lutte continue pour les services en français et que ce sera toujours quelque chose que je vais viser pendant le temps que j’occupe ce poste privilégié de commissaire.
Ce que je mets beaucoup de l’avant comme priorité également, c’est de rendre un service à la clientèle efficace et hors pair, intégré à un bureau d’ombudsman qui rend facile la possibilité pour la communauté de poser plainte et d’obtenir un service de notre part. Promouvoir les services en français partout en province, une autre priorité, et surtout en régions désignées. La qualité veut dire beaucoup pour moi. L’éducation, évidemment, pour enrichir la langue. Préparer nos étudiants pour le marché du travail. Positionner les étudiants pour travailler en français. L’accent sur la main-d’œuvre francophone qualifiée. Je mets beaucoup l’accent là-dessus pour adresser la question de pénurie de main-d’œuvre en ce moment dans la province de l’Ontario dans tous les secteurs.
Ce que je cherche également, c’est de développer un modèle pour naviguer un écosystème très complexe à la fonction publique, ce qui me permet d’établir des partenariats pour trouver des solutions durables avec ceux et celles avec qui je maintiens des partenariats. Je recommande au gouvernement des pratiques exemplaires qui seront acceptées et mises en œuvre. Une vision, une priorité pour moi. Alors, forcément, les services en français dans la province pour aujourd’hui et pour des générations futures. Le travail que nous faisons en ce moment fait une différence dans la vie des Francophones, on le sait déjà avec les résultats que nous avons déjà obtenus dans la dernière année. Je souhaite bien toujours viser cet objectif de faire la différence pour une personne qui cherche les services en français dans la province.
PK :
Quelle belle vision, Kelly. Bravo. Comme j’ai dit, d’ici les prochaines semaines, j’espère pouvoir partager avec vous également ma vision pour les prochaines cinq années et on pourra comparer nos priorités et chercher d’autres futures collaborations ensemble.
KB :
Effectivement.
PK :
J’ose croire qu’il y en aura beaucoup et j’espère surtout que cet entretien ne représente que la première d’une série de ces futures collaborations entre nos bureaux dans le but, finalement, de rejoindre les Franco-Ontariens afin de les sensibiliser à leurs droits linguistiques ainsi que leur droit en matière d’accès à l’information et de protection de la vie privée.
Quel plaisir de pouvoir commencer cette belle collaboration avec cet épisode de notre balado pour célébrer la Journée internationale de la francophonie. J’apprécie énormément le temps que vous nous avez consacré. J’aime bien vos minutes de la commissaire et voici que vous nous avez donné 30 de telles minutes. Donc, on est très choyé de vous avoir parmi nous aujourd’hui. Merci à tous et à toutes de vous être joints à nous également en cette Journée internationale de la francophonie et d’avoir pu vous joindre à la conversation entre Kelly Burke et moi-même.
Ceux et celles qui aimeraient en savoir plus au sujet de la protection de la vie privée et de l’accès à l’information en français comme en anglais peuvent visiter notre site Web à ipc.on.ca et pour en savoir plus sur votre droit de recevoir des services en français, je vous invite également à visiter le site Web de l’Ombudsman de l’Ontario à la section des services en français à ombudsman.on.ca.
Alors, merci encore, commissaire Burke, c’était un grand plaisir. À tous nos auditeurs francophones qui se sont joints à nous aujourd’hui, un gros merci et à la prochaine.
Ici Patricia Kosseim, commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario, et vous avez écouté L’info, ça compte. Si vous avez aimé ce balado, laissez-nous une note ou un commentaire. Si vous aimeriez en savoir plus sur un sujet qui concerne l’accès à l’information ou la protection de la vie privée dans un épisode futur, communiquez avec nous. Envoyez-nous un gazouillis à icpinfoprivacy ou un courriel à @email. Merci d’avoir été des nôtres, et à bientôt pour d’autres conversations sur les gens, la protection de la vie privée et l’accès à l’information. S’il est question d’information, nous en parlerons.